PÂQUE Désiré

Désiré Pâque est né à Liège le 21 mai 1867 et est décédé à Bessancourt, au nord de Paris, le 20 novembre 1939. Il a fait de solides études d’orgue et de composition au Conservatoire Royal de Musique de Liège. Il s’inscrit dans une génération brillante (Armand Marsick, Louis Lavoye, Charles Smulders, Léon et Joseph Jongen, notamment), qui sous l’égide du directeur Jean-Théodore Radoux, est stimulée au travail. Doté d’un caractère aventureux, mais sans doute austère et trop entier, Désiré Pâque chercha difficilement la gloire sous des cieux éloignés de sa terre natale. Ce fut d’abord la tentative avortée de fonder un Conservatoire à Sofia en 1897, puis il continua jusqu’à Athènes où il enseigna la composition de 1900 à 1902. Un retour à Bruxelles en 1902 précéda un départ pour Paris en 1905, puis pour Lisbonne en 1906 où il séjourna jusqu’en 1909. Il laissa là-bas des souvenirs longtemps vivaces pour avoir été le premier maître de Luis Freitas Branco (Lisbonne, 1890 – 1955). Il quitta définitivement le Portugal pour se rendre en Allemagne en juin 1909, (Hambourg, Brême et Berlin) avant de s’établir en Suisse en 1913. Survint alors la première guerre mondiale, le compositeur et sa famille s’installèrent à Paris en mai 1914. Désiré Pâque tente vainement de s’imposer. De 1927 à 1939, il garde une activité créatrice importante (presqu’un quart de son œuvre voit le jour pendant cette période), mais il va se replier lentement sur lui-même, tout au long d’une retraite de plus en plus sévère et morose à Bessancourt, dans le Val d’Oise.

Mis très vite en contact avec les problèmes esthétiques imposés par l’émergence de l’atonalité schönbergienne grâce à son ami Busoni dès 1909, Désiré Pâque a voulu rapidement se donner une ligne de conduite dans cette période de profondes instabilités créatrices. Il se forge un langage personnel qu’il a défendu sans trop de dogmatisme : « l’adjonction constante d’éléments musicaux nouveaux ». Cette technique de composition intervient dès l’opus 67, la Symphonie pour orgue, composée à Berlin en 1910, précédant immédiatement la première Sonate pour piano.

Il nous paraît opportun de citer ici Désiré Pâque : « L’adjonction constante d’éléments musicaux nouveaux, comme moyen de développement d’une œuvre musicale, est tout opposé à l’unité thématique, non à l’unité de style, ce qu’il importe de ne pas confondre. Cette nouvelle manière de bâtir une œuvre musicale consiste, non à employer une ou deux mélodies, mais à multiplier les motifs musicaux. … L’adjonction constante s’est manifestée dans notre production musicale sous divers aspects ou degrés. Au premier degré, on se trouve en présence de thèmes nombreux, autrement dit de timbres mélodiques nettement déterminés, non encore une ligne mélodique sonore idéalement infinie. La presque totalité des procédés de construction y est conservée ; seulement – et ceci est le point le plus significatif – au cours de l’action musicale (nous entendons par là le déroulement d’une œuvre), les thèmes sont répétés, transposés, augmentés et diminués, mais ils ne sont plus jamais dénaturés ou mutilés par le morcellement. Ils sont toujours complets, pareils à leur première présentation ou exposition. C’est ce qui les accompagne qui varie ».

Philippe Gilson
Bibliothécaire du Conservatoire de Musique de Liège

 

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