BARRAS Paul

Paul Barras est né à Chaumont-Gistoux le 29 juin 1925 et est décédé à Woluwé-Saint-Lambert le 2 septembre 2017. Il apprend la musique très jeune, en jouant du piano. Non-voyant, il entre à l’âge de 7 ans à l’Institut Royal des Aveugles de Woluwé-St-Lambert où, parallèlement à la formation générale, il reçoit un enseignement musical comprenant de nombreux cours : piano, violon, orgue, flûte, clarinette, chant, harmonie, contrepoint, chant grégorien. Il commence alors à jouer des messes lors desquelles il a l’occasion de pratiquer l’improvisation. Elle deviendra l’une de ses spécialités. Il entre ensuite à l’Institut Lemmens, où il est l’élève de Maître Flor Peeters pour l’orgue, de Monseigneur Jules Van Nuffel pour le chant grégorien et de Maître Marinus De Jong pour le contrepoint.

Il fréquente ensuite le Conservatoire d’Anvers où il est un des premiers à jouer des œuvres d’Olivier Messiaen. Il termine ses études musicales en 1952 nanti d’un diplôme supérieur d’orgue. En septembre de la même année, il participe au concours international d’orgue de Munich où il est classé premier. Ses premières compositions sont datées de cette époque. En 1953, il est nommé organiste titulaire de l’orgue Delmotte de la Collégiale Sainte-Waudru à Mons. Il occupera ce poste jusqu’en 1964. A la même époque, il se perfectionne en improvisation auprès des célèbres organistes français André Marchal (1894-1980) et Jean Langlais (1907-1991) et donne de nombreux concerts en Belgique, en France, en Allemagne, aux Pays-Bas et au Luxembourg. Il réalise également des enregistrements pour la radio en Belgique et à l’étranger.

En 1958, il commence sa carrière pédagogique acceptant un poste de professeur à l’Institut Royal des Aveugles de Woluwé-St-Lambert. En 1967, il achète un orgue à tuyaux qu’il fait placer à l’église du Divin Sauveur à Woluwé-St-Lambert ce qui réalise le cas assez rare d’un organiste propriétaire de l’orgue dont il est le titulaire. L’année suivante, il développe l’utilisation de son instrument par la création du cours d’orgue de l’Académie de Woluwé-St-Lambert à la demande de son directeur, Paul-Baudouin Michel. Il commence également à organiser de nombreux concerts pour lesquels il invite des interprètes prestigieux (Marie-Claire Alain, Pierre Cochereau, Jean Langlais, Gaston Litaize, Flor Peeters, Michaël Schneider, etc.) Ces nombreuses activités ne l’empêchent pas de continuer à se produire ailleurs, tant en Belgique qu’à l’étranger. De 1970 à 1974, il assure un intérim comme professeur d’orgue à la section flamande du Conservatoire de Bruxelles. La même année, il renonce à ses cours à l’Institut des Aveugles et n’enseigne plus alors qu’à l’Académie de Woluwé-St-Lambert. En juin 1988, il prend sa retraite comme enseignant mais n’en continue pas moins sa carrière de compositeur et d’interprète.

Refusant l’idée très répandue aujourd’hui que, vu l’immensité du répertoire, il est préférable que les organistes se spécialisent dans la musique d’une seule époque, Paul Barras tient au contraire à aborder tous les styles. Interrogé sur ses préférences, il cite d’abord Bach, puis la musique française écrite pour le culte catholique, tant au XVIIIème siècle (François Couperin) qu’au XXème siècle (Jeanne Demmessieux), ensuite les représentants de l’école symphonique française (Alexandre Guilmant, Louis Vierne, Charles-Marie Widor). Dans ce même esprit, il aime toucher des instruments d’esthétiques assez variées.

Comme compositeur, il pratique un langage tonal ou modal, dans la tradition française du début du XXe siècle. Il s’inspire souvent du chant grégorien, qu’il admire passionnément, parfois aussi de chansons populaires. Certaines de ses œuvres sont des improvisations reconstituées. Paul Barras a principalement écrit pour l’orgue, mais son catalogue comprend aussi des pièces pour trompette et orgue et de la musique vocale.

Thierry Levaux
(Dictionnaire des Compositeurs de Belgique du Moyen-Âge à nos jours, 2006)

 

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