Paul Rouault est né à Verviers le 20 septembre 1899. Fils de Georges Rouault-Marsey, il entre à l’âge de 7 ans au Conseravtoire de Verviers où il travaille avec Marcel Darchambeau, Jean Sauvage, Alphonse Voncken et Marcel Houdret. En 1936, époque où il compte déjà à son actif plus d’une centaine de compositions, il est engagé comme répétiteur et deuxième Chef d’orchestre au Grand Théâtre de Verviers, fonction qu’il reprendra de 1945 à 1946. Il est membre de la Société de Auteurs , Compositeurs et Editeurs de Musique (SACEM) et de la Société des Auteurs dramatiques (SACD) de Paris. Son fils Georges est l’auteur d’un texte intitulé “Souvenir en forme de biographie incomplète et subjective”, dont nous citons des extraits :
Mon père, Paul Rouault, est né à Verviers en 1899. En cette année-là, ses parents comédiens français étaient en saison théâtrale dans cette ville. Sa mère, morte en couche, détermina l’implantation du père et de son fils dans notre région. La manière d’être, la culture de la principauté et surtout l’environnement régional si verdoyant, influencèrent particulièrement Paul Rouault qui s’y enracina indéfectiblement.
Un père aux armées en 1914-18 et la solitude d’un adolescent vivant chez des amis ne favorisèrent pas particulièrement les études de Paul Rouault. Néanmoins, le Conservatoire de Verviers et les conseils efficaces de Maître Marcel Houdret – violon solo des concerts Lamoureux à Paris, retenu à Verviers pendant la guerre – apportèrent à Paul Rouault la base nécessaire à l’épanouissement de ses dons.
Paul Rouault n’a rien d’un créateur cérébral : il est avant tout authentique, intuitif même. Ses productions, lorsqu’elles sont libérées de toute obligation économique, sont toujours le fruit de sa réceptivité poétique à la culture régionale, aux paysages du plateau fagnard, à la littérature française et surtout à sa fascination pour la musique française de XIXème et XXème siècles. le répertoire de ses œuvres couvre un large éventail de genres et d’inspiration. Sans parchemin, Paul Rouault n’a jamais suivi les voies académiques ; ce n’était d’ailleurs pas dans sa nature. Il fut un artiste à l’ancienne : optimiste, doué d’une disposition naturelle d’oubli des déplaisirs et des insatisfactions de la vie courante…. Il accepta sereinement de consacrer la quasi-totalité de son temps à la poursuite d’un économique souvent aléatoire : l’improvisation au temps du cinéma muet, les orchestres dits “de brasserie” et tous les types de cachets occasionnels …
Il avait plaisir à l’automne de sa vie de se souvenir de ses relations d’estime réciproque nouées aux hasards et vicissitudes de son existence : Huc Santana, basse de l’Opéra de Paris, René Benedetti, René Defossez, avec qui il débattait sur l’impasse contemporaine de la musique, Mady Mesplé, qui lors de ses visites au Théâtre de Verviers s’amusait en sa compagnie, à improviser sur des standards américains, amusement qu’il pratiquait souvent aussi avec Guy-Philippe Luypaerts… et tant d’autres dont la fréquentation lui eût été plus profitable s’il n’avait préféré son petit coin de Wallonie à Paris ou Bruxelles.
Paul Rouault est décédé à Heusy, près de Verviers, le 16 avril 1971, laissant inachevée la composition d’un quatuor. Son œuvre est très vaste et variée. Parmi les œuvres instrumentales auxquelles nous nous sommes intéressés, nous pourrions citer : Humoresque et Scherzino pour flûte et piano, Divertimento et Impromptu sur de vieux Noëls wallons pour quintette à vent et Chant élégiaque pour violoncelle et piano.
Philippe Bayard,
d’après le livre “Compositeurs au Pays de Verviers”
de Georges Cardol et Jean-Marie Lemaire