GUILLAUME Maurice

(Mazy 1899 – Fosses-la-Ville 1983)

Maurice Guillaume est né à Mazy le 5 février 1899 et est mort à Fosses-la-Ville le 7 mars 1983. En contact avec la musique dès son enfance, il décide assez tôt d’y consacrer sa vie. Sa famille aurait préféré qu’il devienne architecte, mais il tient bon et, après avoir suivi un début de formation à Namur, il entre en 1919 au Conservatoire de Bruxelles. Élève de Paul de Maleingreau, Alphonse Desmet, Paulin Marchand et Joseph Jongen, il y fait des études brillantes, remportant les prix de contrepoint (1922), de fugue (1923) et d’orgue (1924), le Prix Alphonse Mailly (1924) et le diplôme de virtuosité à l’orgue (1927). Il pratique alors cet instrument professionnellement depuis longtemps : il est en effet organiste à l’église Saint-Sulpice de Jumet depuis 1920.

En 1930, lors de vacance en Bretagne, il se rend à l’île d’Ouessant. Par un hasard extraordinaire, il y rencontre Charles Tournemire, le successeur de César Franck à l’orgue de Sainte-Clotilde à Paris, qu’il espérait voir depuis longtemps. Alors qu’il ne comptait séjourner que brièvement à Ouessant, il y reste dix jours, et le longues conversations qu’il a ainsi avec l’auteur de l’Orgue mystique le marqueront profondément.

Dans les années qui suivent, il commence à se faire remarquer comme compositeur : en 1937, son Ouverture de concert, primée par le Jury de la Jeune Musique Belge, est créée par l’Orchestre National de Belgique sous la direction de Désiré Defauw ; en 1938, son drame lyrique La grande Clairière est représenté à Charleroi. En 1947, la même ville organisera un « Festival Maurice Guillaume », où plusieurs de ses oeuvres seront jouées. Sa réputation d’interprète se développe considérablement aussi ; il se produit lors des Expositions universelles de Liège en 1930 et de Bruxelles en 1935. On l’entend régulièrement en France (en 1938, il jour à Biarritz), et on fait souvent appel à lui pour des concerts d’inauguration.

En 1943, il quitte la tribune de Jumet pour celle de l’église décanale Saints-Pierre-et-Paul de Châtelet, où un remarquable instrument à trois claviers vient d’être installé. Il y restera jusqu’en 1980, révélant à ses auditeurs un répertoire très large, qui, en plus des grands classiques comme Bach et Franck, comprenait aussi bien des compositeurs plus anciens comme Buxtehude et Couperin que des contemporains comme Tournemire, Langlais et Messiaen. En particulier, dès qu’une nouvelle oeuvre de ce dernier était publiée, il se procurait la partition, la travaillait et la jouait. C’est ainsi que le public entendit dès 1952 le Livre d’Orgue, le recueil le plus complexe de Messiaen, achevé seulement en 1951.

A la même époque, il est également mis à l’honneur pour ses compétences musicologiques : en 1950, il participe à un congrès international de musique religieuse à Rome, où il présente une communication sur l’oeuvre de Bach. Comme la plupart des musiciens, il se consacre abondamment aussi à l’enseignement : professeur de solfège et d’harmonie à l’Académie de Châtelet entre 1949 et 1970, il a été en outre professeur de piano au Collège du Sacré-Coeur de Charleroi et il a formé de nombreux élèves en privé. Parmi ses autres activités, on peut encore noter qu’il a souvent été invité à siéger dans des jurys d’examens (notamment pour les épreuves d’orgue aux Conservatoires Royaux de Bruxelles, Liège et Mons), et qu’il était membre de diverses commissions dans le domaine de l’orgue et de la musique liturgique.

Tempérament modeste, Maurice Guillaume n’a jamais vraiment cherché à se faire connaître, et la plus grande partie de son oeuvre est restée inédite malgré son haut niveau de qualité. Il a touché à tous les genres, avec une prédilection pour l’orgue, le piano et la voix, mais aussi et surtout la musique de chambre, dont le caractère intime lui était particulièrement cher. L’influence de Franck est très nette dans ses premières compositions puis il se forgera progressivement un style plus personnel grâce à sa découverte de la musique française de son temps (Debussy, Ravel, Tournemire et Messiaen), mais il gardera certains traits franckistes dans son écriture, ce dont témoigne son goût pour le chromatisme et pour la polyphonie. Son langage reste globalement tonal, mais avec une grande liberté : sa Berceuse marine pour orgue, une des pages les plus jouées, inspirée par son séjour à Biarritz en 1938, s’achève sur un accord de huit sons…

Son catalogue dépasse les quatre-vingt numéros d’opus, et si ce sont ses oeuvres pour orgue que l’on cite le plus (en particulier, outre la Berceuse marine, l’Hommage à César Franck et la Suite pascale), il faudrait découvrir sa musique de chambre (Sonate pour violon et piano, Quatuor, …), ses mélodies, ses messes… Ajoutons que, marié à la harpiste Marguerite Gonsette, il a composé aussi à plusieurs reprises pour la harpe. En 1996, une « Fondation Maurice Guillaume» a été créée pour faire connaître davantage son oeuvre.

Thierry Levaux
(Dictionnaire des Compositeurs de Belgique du Moyen-Âge à nos jours)

Les partitions